Alors que les décisions des agriculteurs se précisent pour la campagne 2022-2023, les acteurs de la filière oléopro rappellent l’importance de « diversifier les assolements sur le long terme, mais aussi de manière plus conjoncturelle ». Dans le contexte actuel, ils mettent en avant les atouts des cultures oléo-protéagineuses pour « sécuriser les récoltes à venir ». Détails.
« Dans un contexte de changement climatique et de tensions accrues sur les marchés alimentaires, il est particulièrement important de raisonner en termes de maîtrise des charges et des marges à la rotation, mais aussi de choisir ses assolements au regard des contraintes, par exemple, de la quantité d’engrais disponible au niveau de l’exploitation... Avec des prix d’achat et de vente qui s’annoncent élevés pour la campagne 2022-2023, l’intérêt économique des cultures oléoprotéagineuses est conforté, et ce, malgré l’augmentation des coûts de production (prix de l’engrais, du gaz, etc.) », estiment Terres Univia, Terres Inovia et la Fédération des producteurs d’oléagineux et protéagineux (Fop) dans un communiqué commun.
« Baisser la dépendance globale à l’azote de l’exploitation »
Ils rappellent les atouts agronomiques de ces cultures : le colza et le tournesol constituent « d’excellentes têtes de rotation contribuant à la fertilité et à l’amélioration de la structure des sols », précisent les trois acteurs.
Les oléo-protéagineux permettent également de « faire baisser la dépendance globale à l’azote de l’exploitation et en optimisent la valorisation à l’échelle de la rotation ». On peut citer le tournesol et ses besoins réduits en intrants azotés, ou bien les légumineuses, capables de fixer l’azote de l’air. « Les 30 à 40 kg d’azote par ha ainsi fixés dans le sol seront disponibles pour la culture suivante. Le colza, lui, peut prélever de l’azote disponible dans les parcelles dès l’automne », détaille la filière oléopro.
Un bon équilibre entre cultures d’hiver et de printemps
« Diversifier les cultures, c’est multiplier les bénéfices et réduire les risques sur les exploitations », ajoutent Terres Univia, Terres Inovia et la Fop. « La diminution du poste phytosanitaire (herbicides), induite par un bon équilibre sur le long terme entre les cultures d’hiver et de printemps, les effets « précédent » bénéfiques du colza, du pois ou du tournesol sur le blé suivant se traduisent désormais par un impact économique positif renforcé à l’échelle de la rotation ».
À ce sujet, Terres Inovia a également présenté des résultats d’essais comparant une rotation de 5 à 7 ans (colza/blé/tournesol ou pois/blé/orge d’hiver ; colza/blé/tournesol/blé/pois/blé/orge d’hiver) à une rotation témoin exclusivement orientée vers des cultures d’hiver (colza/blé/blé/orge d’hiver). Les essais sont conduits en sol argilo-calcaire de profondeur moyenne (« zone intermédiaire »).
Selon l’institut technique, les essais ont montré qu’une telle stratégie de diversification permet de :
- « Augmenter la marge moyenne annuelle de minimum de 50 €/ha/an. Dans le cas, très fréquent, où les performances de la rotation colza/blé/blé/orge d’hiver seraient dégradées (défaut de gestion de l’enherbement, renchérissement du poste herbicide), le gain de marge à moyen terme peut nettement dépasser 100 €/ha/an. »
- « Réduire les charges opérationnelles de 120 €/ha/an selon les hypothèses retenues (données d’essais systèmes de culture et d’enquêtes). »
- « Réduire l’apport moyen annuel d’azote minéral de 25 à 40 unités (soit –15 à –25%), avec les bénéfices induits de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). »