La déprise laitière touche de plus en plus de départements. À la difficulté du métier, de se renouveler, de garder son entrain, s’ajoute la déconsidération des laiteries de la part des consommateurs. Et ce, alors que la conjoncture économique pousse à l’agrandissement des troupeaux.
La déprise laitière : un sujet tabou
La déprise laitière touche certains départements, mais le sujet est encore tabou en France. L’interprofession laitière française, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), identifie encore : « Le Finistère est dans une situation préoccupante pour un département historiquement laitier. »
Une poignée de courageux (ex-)éleveurs osent briser le silence. Les Bretons expliquent les raisons de ce désamour pour la production laitière et racontent aussi comment ils ont rebondi après « l’arrêt du lait ».
« Je ne fais plus de lait »
À l’entrée de la ferme d’Hélène Le Roux, à Ergué-Gabéric près de Quimper, la statue d’une vache multicolore, quasi grandeur nature, accueille toujours les visiteurs. Elle surplombe un bâtiment d’élevage vide.
L’élue à la Chambre d’agriculture de Bretagne est volubile. Elle témoigne sans complexe. « J’ai pris cette responsabilité d’élue syndicale, parce que je ne fais plus de lait », cadre-t-elle d’emblée. Elle est céréalière, en individuel, depuis 2018. Elle cultive 87 ha, principalement de maïs et de blé, en conventionnel.
Aucun regret d’avoir changé pour des céréales
À cause de problèmes de santé, notamment des tendinites à répétition, et de l’association avec une autre ferme qui voulait que les deux fusionnent, le Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) créé en 1987 est dissout en 2016. Il avait été fondé avec les parents d’Hélène, puis son époux et sa belle-mère. Mais les difficultés auront raison du groupement tout comme du couple.
Avant sa dissolution, le Gaec produisait environ 300 000 l/UTH (unité de travailleur humain), soit près d’un million de litres. Si voir toutes ses 65 vaches (la moitié du cheptel était sur l’autre site) quitter son étable l’a émue, c’est sans aucun regret qu’elle fait le vide, depuis, et surveille ses céréales.