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À Lasécu, l’art, c’est pour tout le monde !

En proposant de prêter des œuvres d’art aux particuliers et aux entreprises, l’artothèque de Lasécu à Lille fait évoluer les codes d’un monde de galeristes parfois confiné. Et prouve aussi que le monde associatif doit entreprendre s’il veut exister.

Vous avez toujours rêvé d’avoir une véritable oeuvre d’art dans votre salon, mais vous n’avez jamais franchi le pas ?
Peur que ce soit trop cher ou de vous lasser de ce tableau au-dessus de la cheminée ?
Lasécu a résolu ce problème. La galerie d’art contemporain lilloise propose une artothèque, qui fonctionne exactement sur le principe d’une bibliothèque. Sauf qu’à la place d’un livre, c’est une oeuvre d’art que vous empruntez pour trois mois. Avant de pouvoir l’acheter ou la changer, selon vos envies !

1 000 œuvres dans le catalogue

Cette drôle d’idée, Patrick Poulain, jovial quinquagénaire, l’a développée à partir de 2007. Le prolongement naturel d’une expérience débutée en 2001 : "En tant que graphiste, je m’intéressais à l’art visuel. A l’époque, on ne trouvait que de petits lieux, où les artistes faisaient souvent des expositions collectives. J’avais quarante ans. J’ai mis mon énergie à monter une nouvelle galerie".

Huit mois plus tard, il rachetait l’ancienne antenne locale de la Sécurité sociale dans le quartier de Fives. 640 mètres carrés qui lui ont permis tout de suite d’afficher la couleur : à Lasécu, l’artiste a la place pour s’exprimer et présenter son univers ; ici, on est ouvert vers les gens du quartier qui n’avaient pas forcément la culture à leur porte.

"L’envie, c’est d’amener la culture au plus près de habitants. C’est pour cela qu’on organise des portes ouvertes d’ateliers d’artistes notamment. Et que l’on a créé ensuite cette artothèque".

Cette "bibliothèque artistique" est un véritable succès d’ailleurs : en 2007, Lasécu avait un fonds de 150 objets d’art à proposer aux adhérents. Aujourd’hui, le catalogue repose sur plus de 1 000 œuvres."Nous avons 300 adhérents, qui paient 30 euros par an pour quatre œuvres !"

L’association, une entreprise presque comme une autre

L’artothèque est d’ailleurs un levier de développement pour Lasécu.
Avec Elsa Hanot, salariée de l’association, Patrick Poulain veut développer le prêt d’œuvres vers les entreprises. Déjà en place, ce système en a pour le moment séduit une dizaine.

"Pour 950 euros par an, l’entreprise a dix œuvres tous les quatre mois. Le Crédit Mutuel, dont je suis un fidèle client à titre personnel et professionnel, est d’ailleurs l’une des sociétés qui participe".

Pendant plusieurs années, la relation avec le Crédit Mutuel se traduisait aussi par la mise à disposition de la galerie pour les Assemblées Générales de l’agence fivoise.
"Une autre façon d’attirer le public", confirme Patrick Poulain.

L’association serait-elle devenue une entreprise comme une autre ?
"Aujourd'hui, l’argent est plus rare, les subventions de plus en plus difficiles à obtenir. Une association doit savoir se développer et subvenir à ses besoins. Le président doit donc être un entrepreneur, capable d’appeler les bonnes personnes, savoir les convaincre, manager au mieux une équipe de bénévoles". Tout un art.