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Présentéisme et absentéisme au travail : quels coûts, quels leviers ?

Ces deux phénomènes coûtent chaque année plusieurs dizaines de milliards d’euros aux entreprises françaises. Pour lutter contre ces dérives, différentes solutions peuvent être testées par l’entreprise.

L’absentéisme représente un coût pour les entreprises. 107,9 milliards d'euros par an selon la dernière étude qui date de 2017. Pour autant, le présentéisme, souvent décrit comme une spécificité française, peut aussi nuire à l’engagement et à la qualité de vie au travail des salariés.

Absentéisme : un coût non négligeable pour les entreprises

Difficile de résumer l’absentéisme à un seul ratio. Ses causes peuvent être multiples : maladie, accident du travail ou de trajet, absences injustifiées... Au total, les salariés du privé sont absents de leur poste en moyenne 10,1 jours par an. D’après l’enquête Ayming-Kantar TNS, cela correspond à un taux d’absentéisme de 4,729 % en 2017.

La facture grimpe vite pour les entreprises. Car, en plus des coûts directs de l’absentéisme (maintien de salaire, remplacement temporaire éventuel...) s’ajoutent des coûts indirects comme les dépenses de prévention, de prévoyance ou encore les cotisations destinées aux accidents du travail et aux maladies professionnelles.

Présentéisme : des conséquences parfois pires ?

Dès lors, faut-il attendre des salariés qu’ils restent à leur poste lorsqu’ils ne sont pas en forme ou le plus tard possible dans la journée ? Cette situation, qu’on appelle le présentéisme, représente là encore un coût pour les entreprises, estimé à 14 milliards d’euros.

Baisse de productivité, risque accru d’accident du travail, contagion possible des salariés en cas de maladie : les effets délétères du présentéisme se mesurent à plusieurs niveaux. Au-delà des conséquences immédiates, il faut aussi tenir compte de l’impact à plus long terme. Stress, risque de burn-out : qu’il soit volontaire ou non, le présentéisme se traduit par une dégradation de la qualité de vie au travail.

Demain, réinventer le rapport au travail ?

Prévention des maladies professionnelles, amélioration des conditions de travail (horaires de travail, baisses de cadence), promotion d’un management bienveillant : les remèdes contre l’absentéisme sont désormais bien connus des chefs d’entreprise. Mais peut-on appliquer les mêmes recettes au présentéisme ?

Oui, à condition de différencier les multiples formes que peut prendre ce phénomène, dont l’apparition dans la littérature managériale est bien plus récente. Il existe trois types de présentéisme :

Premièrement, le présentéisme qui consiste à rester au travail sans raison apparente, simplement parce qu’on a l’habitude d’être au bureau. La sensibilisation et la formation des salariés se justifient pleinement pour contrer ce type de dérive.

Deuxièmement, le présentéisme qui relève d’une volonté du salarié de se rendre visible, de montrer à quel point il est incontournable pour l’entreprise car présent en toutes circonstances. Le management par la confiance, basé sur des objectifs et des primes ne reposant plus sur le temps de présence, peut être adapté dans ce cadre.

Troisièmement, le présentéisme qui revient à travailler même lorsqu’on est malade ou épuisé, physiquement ou moralement. Charge de travail excessive, culture d’entreprise valorisant les horaires à rallonge : divers motifs peuvent se cacher derrière le « surprésentéisme ». Le droit à la déconnexion, la pratique encadrée du télétravail, l’interdiction des emails passée une certaine heure ou le week-end, ou encore une politique d’entreprise relative aux horaires de réunions (pas trop tôt le matin, ni trop tard le soir) sont autant de mesures à envisager.

Mais pour lutter efficacement et durablement contre l’absentéisme et le présentéisme, les chefs d’entreprise doivent avant tout avoir conscience que l’excès de présence est également lié à des raisons relatives à l’individu (besoin de reconnaissance, difficultés financières ou troubles émotionnels…). Si l’action de l’entreprise est indispensable dans ce domaine, elle a aussi ses propres limites.