L’installation de néo-ruraux dans les villages, alors que les agriculteurs deviennent minoritaires, suscite parfois des frictions, voire des conflits. Mais dans certaines communes au contraire, les efforts mutuels aboutissent à une paisible cohabitation.
De nouveaux habitants néo-ruraux
Bertrand Rondeau vit à Saint-Mathurin, proche des Sables-d’Olonne, depuis 1974. La commune comptait alors 752 habitants. Depuis, elle en compte presque quatre fois plus. L’éleveur vendéen a vu son village d’adoption changer : moins d’éleveurs et plus de nouveaux arrivants, locaux ou néo-ruraux. « Ce sont des gens qui venaient en vacances aux Sables-d’Olonne et qui s’installent sur le rétro-littoral à la retraite parce qu’ils trouvent qu’il fait bon vivre en Vendée. » Et, depuis la pandémie de Covid-19, des nouveaux actifs venant de Paris et sa région sont arrivés.
Des efforts pour s’intégrer
Qu’ils soient jeunes retraités ou actifs, « ils viennent pour trouver une qualité de vie qu’ils n’ont pas chez eux. Ils veulent renouer avec la nature, avec une vie moins trépidante, et en finir avec le stress ». Et ils font des efforts aussi bien pour s’intégrer que pour consommer local, ajoute Bertrand Rondeau.
Avec son frère, ils pratiquent la vente directe depuis 22 ans. Ils les accueillent chaque vendredi soir, dans leur petit magasin où ils viennent retirer leurs commandes de viande et de charcuterie.
Des agriculteurs qui sont respectueux
« J’ai des clients fidèles, d’autres moins. Mais je suis persuadé que dans une société qui change, le côté humain et l’accueil ont une grande importance. » Face à la grande distribution, il se doit de bien accueillir ceux qui font l’effort de venir jusqu’à sa ferme, pense-t-il. Il a d’ailleurs instauré un rituel : tous les ans, vers fin mars-début avril, il invite clients et amis à une dégustation de vins et de charcuterie.
Si la cohabitation avec les néo-ruraux se passe sans problème majeur, c’est aussi parce que la quinzaine d’agriculteurs qui restent à Saint-Mathurin « sont respectueux des gens qui vivent dans la commune. On n’épand pas le lisier ou le fumier le week-end, on recouvre les effluents dans les 24 heures, on ne roule pas en tracteur à 10 heures du soir ».
Une relation gagnant-gagnant
Tout le monde y trouve son compte. « Ce sont eux qui ont contribué à maintenir les commerces de proximité et les services dans nos communes », souligne Bertrand Rondeau. Saint-Mathurin compte en effet plusieurs commerces, dont un restaurant, un café et une supérette, plusieurs professionnels de santé et les associations y proposent une foule d’activités au bénéfice de la population locale. « Ils ont contribué à faire bouger les mentalités dans le bon sens », ajoute l’éleveur.