Agriculteurs

De la monoculture à la succession culturale

La monoculture de maïs au sens strict du terme est une pratique désuète : encore pratiquée dans des contextes bien particuliers, elle devient une exception. De nouveaux systèmes rentables et plus diversifiés voient le jour.

La pratique de la monoculture perd du terrain

« Autrefois, ici, c’étaient des friches à mouton », indique Thomas Obrecht, agriculteur à Kuenheim, dans le Haut-Rhin, et administrateur à l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), en désignant la Hardt, une zone de la plaine d’Alsace qui se caractérise par un sol caillouteux à faible réserve utile. L’irrigation de ces terres, nécessaire, s’est accompagnée de l’essor du maïs. « Tout le monde en a profité », souligne l’agriculteur.

Aujourd’hui, la monoculture au sens strict du terme n’est plus guère pratiquée en Alsace. « Il ne reste plus qu’une vingtaine d’exploitations qui ne cultivent que du maïs, soit peut-être 3 000 hectares ». L’exploitation de Thomas Obrecht, elle, se décompose en 75% de maïs, 15% de betterave sucrière, 5% de soja et 5% de blé.

En Alsace, le maïs est le pilier des exploitations

Le maïs représente encore une part significative de l’assolement et du revenu des agriculteurs en Alsace. Peu sensible aux aléas lorsqu’il est irrigué, il constitue une forme de garantie : « malgré les conditions particulièrement sèches et caniculaires de cet été, les maïs irrigués ont donné de bons résultats », illustre Thomas Obrecht.

La culture constitue ainsi un pilier pour de nombreuses exploitations agricoles alsaciennes. « Conserver ces structures à taille humaine passe par des cultures économiquement performantes. »

La monoculture reste autorisée par l’Union européenne

À l’heure actuelle, pour bénéficier des aides de la Politique Agricole Commune (PAC), la culture principale d’une exploitation ne doit pas dépasser 75% de l’assolement. La nouvelle version de la PAC devait aller plus loin.

Finalement, la monoculture reste autorisée, à condition d’implanter un couvert intermédiaire entre deux maïs, comme une avoine, qui couvre le sol en hiver et restitue des éléments minéraux au maïs qui suit. Une formule qui constitue un entre-deux. Néanmoins, le développement de la chrysomèle des racines du maïs (insecte ravageur repéré en France pour la première fois en 2002) va exiger d’intensifier la rotation des cultures.