Arboriculture raisonnée

Cultiver les amandes à Valensole

Les frères Jaubert, pionniers du renouveau de l’amande de Provence, installés sur le plateau de Valensole, livrent quelques secrets de production. Depuis bientôt vingt ans, ils cultivent des amandiers, avec un minimum de produits phytosanitaires.

Des amandiers depuis 2002

« Si on n’avait pas le traitement contre la guêpe de l’amande, l’Eurytoma Amygdali, on passerait en bio facilement sur cette culture », assure dans les colonnes d’Agri-Mutuel n°561 André Jaubert, co-propriétaire de la SCEA (société civile d’exploitation agricole) Le Canet, à Valensole, dans les Alpes-de-Haute-Provence avec son frère Jean-Pierre, jeune retraité. L’exploitation compte près de 80 hectares d’amandiers, mais aussi de la lavande, du lavandin, de la sauge sclarée ou encore du sainfoin.

Depuis 2002, les frères Jaubert ont planté plus de 15 000 amandiers, de variété Lauranne et Ferragnès, sur le plateau qui couvre l’est du parc naturel régional du Verdon.

À la recherche d’une diversification

Anciens producteurs de blé, les frères Jaubert cherchaient une culture rustique pour se diversifier. « On a fait un bon pari », reconnaît volontiers le plus âgé des deux frères.

Aujourd’hui, tout le monde veut planter, mais c’est compliqué. Nous, on a vingt ans d’avance.

D’autant plus qu’il faut 5 ans à un amandier pour produire pleinement.

Les arbres se développent bien sur les terres du plateau de Valensole, mais ils craignent le gel, contre lequel les frères Jaubert font tourner 3 éoliennes sur 4,5 hectares, qui remontent la température de 1 ou 2 °C.

Des traitements compatibles agriculture biologique

La SCEA Le Canet récolte les amandes mécaniquement en octobre, les casse et les sèche de novembre à février puis, en octobre ou novembre, après le ramassage des fruits, les amandiers sont traités à la bouillie bordelaise pour qu’ils cicatrisent.

Ce traitement, compatible avec l’agriculture biologique, est renouvelé après la taille des arbres, en janvier ou en février. L’engrais utilisé est organique, à base d’algues, appliqué fin février et en mai « s’il n’y a pas eu de gelées ! ».

Un temps de pollinisation réduit

Les premières floraisons d’amandiers ont lieu mi-mars et les abeilles n’ont que 24 heures pour polliniser les fleurs. Benoît Millet, le gendre de Jean-Pierre et directeur de la société Apialpes, pose donc 4 ruches par hectare dans les plantations durant 3 semaines au printemps. Puis, en avril, c’est l’heure du traitement contre l’Eurytoma Amygdali.

Vient ensuite la récolte, le cassage et le tri, avant que Pauline Jaubert, la fille de Jean-Pierre, ne commercialise l’ensemble de la production.

1 Agri-Mutuel N°56, mars 2020.