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Grâce au collectif, forte productivité du travail pour peu d’astreinte

Les associés de l’EARL Destombes jouent collectif, comme l’a montré le reportage qui leur a été consacré. Leur motivation principale : la qualité de vie. En termes d’efficacité du travail et de temps d’astreinte, leur organisation est-elle gagnante ? Un audit a été réalisé pour chiffrer précisément le nombre de litres de lait et de vaches par unité de main-d’œuvre, ainsi que le temps d’astreinte par VL et aux 1 000 l.

Temps de lecture : 2 min

Pour évaluer son organisation du travail en collectif et par envie de débattre avec d’autres éleveurs, l’EARL Destombes à Quesnoy-sur-Deûle dans le Nord participe aux groupes d’échanges Focus Farm, proposés via le projet Cowform. Lequel fait partie du programme transfrontalier franco-belge Interreg 5 (Hauts-de-France, Wallonie, Flandres) sur la formation et l’emploi en élevage.

Six autres exploitations y prennent part à ses côtés. Au sein de cette démarche, un diagnostic « travail » est systématiquement proposé. Pour l’EARL, il est centré sur l’activité laitière et a été réalisé par la chambre d’agriculture et l’Institut de l’élevage idele.

Présentation de l’audit et des principaux résultats (suite à la visite de la ferme organisée, il y a quelques semaines, dans le cadre du projet Cowform).

1. Étude quantitative

Productivité du travail

Avec 120 VL et 1,3 Ml/an pour 2,25 UMO lait.

Soit 578 000 l de lait/UMO lait et 53 VL/UMO lait.

Temps d’astreinte

Cumulé sur toutes les personnes intervenant dans l’élevage, il atteint 17 h/j en hiver et 13 h10/j en été.

Soit 3 600 h/an, 30 h/VL/an et 3 h/1 000 l/an.

« L’EARL est encore plus efficace au litre de lait qu’à la vache », fait remarquer Gwendoline Elluin, de la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais.

Et pour la traite spécifiquement ?

Il faut compter 4 h/j, ce qui représente 1 464 h/an, 12 h/VL/an et 45% du temps d’astreinte total.

Regardons comment se place l’EARL Destombes par rapport aux références disponibles pour les deux critères étudiés (enquêtes « grands troupeaux laitiers » de l’idele)

Comment se place l’EARL Destombes par rapport aux références disponibles pour les deux critères étudiés
EARL Destombes Références
Temps d’astreinte 3 600 h 30 à 40 h
Annuel 30 h ‹ 4
Pour 1 000 l de lait 2,8 h
Productivité du travail 578 000 l ‹ 450 000
En litre de lait/UMO lait 53 VL ‹ 45 VL
En nombre de VL/UMO lait

Cette comparaison atteste du niveau très élevé de productivité du travail de l’exploitation. Le temps d’astreinte est moindre : dans la moyenne basse à très basse (aux 1 000 l de lait). « Ceci, grâce au travail en collectif et derrière, à une bonne organisation, à la polyvalence des associés, à un outil de production (bâtiments, matériels) rationalisé et à des objectifs clairement fixés », appuie la spécialiste de la chambre d’agriculture.

2. Bilan qualitatif

Bilan qualitatif
Points forts Souhaits d’améliorations
Ressentis par rapport au travail

Bonnes conditions de travail

Charge de travail acceptable (même pour l’astreinte)

Temps libre convenable, le week-end et en semaine

Organisation et gestion du temps

Satisfaisante

Habitude du travail en groupe

Remplacement facile (associés, service de remplacement, Cuma)

Horaires plutôt irréguliers (à cause des engagements extérieurs)

Travail administratif pas assez constant

Conditions de travail

Peu de pénibilité physique

Matériel performant (Cuma)

Charge mentale raisonnable

Relations humaines Discussions ouvertes entre associés lors des réunions mensuelles Circulation des informations, notamment avec l’associé de la SCL que ceux de l’EARL croisent moins
Management Bonne entente avec le salarié, non issu du milieu agricole mais volontaire

Conclusion :

De multiples points positifs, en particulier concernant :

  • la qualité de vie

    Rappelons-le, elle « a toujours été l’un des principaux objectifs de l’élevage », comme le souligne Christophe Destombes dans le reportage paru précédemment, où il explique pourquoi et comment la ferme s’est orientée vers le travail en groupe. Par exemple, chaque associé n’est d’astreinte qu’un week-end sur quatre et en support un deuxième.

  • le confort de travail

    Avec la plupart du matériel en Cuma, les associés ont « accès à des équipements récents, régulièrement renouvelés, bien dimensionnés et confortables », y mettait-il en avant. La Cuma de désilage, notamment, permet de « nourrir 120 vaches, à la bonne heure même en cas d’imprévu, en 20-30 minutes pour 19 €/1 000 l ».

  • l’organisation

    « Elle est définie, claire et satisfait tout le monde », estiment les auditeurs. Citons, par exemple le planning des week-ends, mis en place en amont pour l’année et la quantification du temps de travail au sein de la SCL.

  • la communication

    De nombreux outils sont utilisés : consignes écrites et affichées, protocoles visuels par activité, calendriers, tableaux, pour les veaux, en salle de traite et dans les bâtiments des génisses et taries entre autres, réunions périodiques (une fois/semaine pour l’EARL, une fois/mois pour la SCL), agenda partagé sur Google.

    « Pour optimiser l’efficacité des réunions mensuelles, il faut essayer d’avoir un objectif et un ordre du jour », conseille Gwendoline Elluin. Notons que certains agriculteurs, qui travaillent à plusieurs, communiquent via des groupes WhatsApp.

    Seuls quelques éléments à améliorer, principalement la gestion administrative, dont les producteurs reconnaissent ne pas s’occuper suffisamment. La répartition spatiale des bâtiments n’est pas non plus optimale.

Travail en équipe : conseils pour que ça fonctionne

Le départ en retraite de Christophe dans trois ans soulève, quant à lui, un certain nombres de questions : faudra-t-il déléguer les cultures pour que son fils se consacre davantage à l’élevage, rechercher un associé ou embaucher un second salarié ? « J’ai bien sûr mon avis à donner, mais ce sont mes enfants qui décideront », insiste-t-il.

« Pour le travail en équipe fonctionne, tout doit être bien cadré, pour savoir qui fait quoi et quand, résume l’éleveur. Prendre le temps d’échanger est également nécessaire, surtout chez nous car nous voyons peu l’autre associé de la SCL et parce que notre salarié n’est pas issu du milieu agricole. ».

« Jouer collectif, c’est savoir coopérer, répartir équitablement les tâches et les décisions, mettre des règles même si elles peuvent évoluer bien sûr et faire en sorte qu’elles soient connues de tous et respectées, prévoir des moments conviviaux, faire des compromis, gérer les désaccords... En outre, il faut des objectifs partagés et individuels, exprimés et compatibles. Et un ou des projets communs pour donner du sens au groupe et le faire vivre », conclut Gwendoline Elluin.

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