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Marchés des intrants : pas de détente avant début 2022

Baptiste Buczinski, agroéconomiste à l’Idele, décrit pour les bovins viande des cotations en hausse mais aussi un marché des intrants particulièrement tendu, et cela encore pour quelques mois.

Temps de lecture : 3 min

À l’occasion de la journée « grand angle viande » organisée le 9 novembre par l’Idele, l’agroéconomiste Baptiste Buczinski a fait le point sur le marché de la viande bovine et des broutards, jugé « porteur, dans un contexte de forte hausse des matières premières ».

De fait, après avoir relevé l’ « été agroclimatique favorable » qui fait suite à trois ans de sécheresse estivale, il a insisté sur la forte hausse des prix des intrants, véritable « point noir » pour les éleveurs. « Tout augmente : alimentation, énergie, petit matériel », souligne-t-il. En cause notamment : l’envolée des coûts du fret, due aux aléas climatiques et à la menace des variants Delta sur les ports asiatiques.

Les prix des tourteaux et des grains restent à de hauts niveaux, et pour les céréales « ils ne vont pas se détendre tout de suite, car on attend les récoltes de l’hémisphère sud ». Quant aux marchés de l’énergie et des autres matières premières (acier, urée, phosphate), ils demeurent sous tension. « Il n’y a pas de tassement attendu avant le printemps 2022 », détaille l’expert.

Pénurie de vaches et prix en hausse

Il relève aussi le recul du cheptel allaitant, qui va en s’accentuant. La France a ainsi perdu 332 000 têtes depuis mi-2016. Le cheptel laitier baisse toujours aussi fortement (- 266 000 têtes en cinq ans). Et face à la pénurie de vaches au sein de l’Union européenne, les prix sont en hausse depuis début 2021, atteignant fin octobre 3,77 €/kgéc pour les vaches O aux Pays-Bas.

La tendance se retrouve en France, « quelle que soit la conformation ». Fin octobre, les cotations étaient en hausse de 9% pour les vaches U par rapport en 2020, de 14% pour les vaches O, de 7% pour les vaches R, de 17% pour les vaches P. « En allaitant, le Covid joue sur la hausse des cotations avec le report sur le détail, le made in France ». Les abattages sont légèrement supérieurs à la moyenne triennale, en raison de la demande dynamique.

En vaches laitières, les prix augmentent de façon plus récente, « en lien avec la demande en viande hachée ». Mais les abattages sont plus limités, en raison de la conjoncture laitière.

Baptiste Buczinski décrit « un gros manque de jeunes bovins en Europe » malgré les anticipations d’abattage, et des cours orientés à la hausse. En France, les prix étaient fin octobre en hausse de 14% par rapport à 2020 pour les jeunes bovins R. Le « taux de prélèvement est dynamique depuis le début de l’année en jeunes bovins viande », en retrait en jeunes bovins lait. Côté broutards, « les prix remontent enfin, avec du retard ».

Importations et exportations en hausse

L’agroéconomiste évoque « un commerce extérieur très actif, en vif comme en viande ». Depuis l’UE, les niveaux d’importation de viande bovine en France se sont redressés de 10% par rapport à 2020, portés par les importations depuis les Pays-Bas et l’Irlande. Hausse aussi pour les exportations (+ 10%/2020), particulièrement dynamiques vers l’Allemagne et des destinations « plus secondaires » comme les Pays-Bas ou la Belgique.

Les exports de broutards sont aussi en hausse : + 1% vers l’Italie (582 000 têtes), + 4% vers l’Espagne (83 000 têtes). Les envois sont dynamiques vers les pays tiers également, « en hausse surtout sur le pourtour méditerranéen ». Entre janvier et août, ils ont grimpé de 22% par rapport à 2020 : 44 000 broutards ont été exportés hors-UE, dont 28 000 vers l’Algérie.

Quant à la consommation française de viande bovine, « elle se tient », conditionnée par la pandémie : report sur la vente au détail, progression des dépenses en restauration depuis juin, dynamisme de la consommation de haché.

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