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Des veaux de lait rentables grâce au circuit court

Samuel et Élodie Gasse vendent chaque année 85 veaux limousins élevés sous la mère à des boucheries et restaurants de proximité. Cette production rémunère correctement les éleveurs tout en permettant aux artisans de bouche de proposer un bon rapport qualité-prix à leurs clients.

Temps de lecture : 4 min

Le circuit court séduit

Cinq kilomètres : c’est la distance séparant le Gaec Gasse de la boucherie d’Éric Serveau à La Flèche (Sarthe). « Nous vendons un veau de lait par semaine, indique l’artisan boucher qui se déplace régulièrement dans l’élevage. Ma première motivation pour acheter ce type d’animal est la qualité de la viande, pour un prix au consommateur intéressant grâce au circuit court. De plus, c’est une production très naturelle. Je suis un fervent partisan de la relation directe entre éleveurs et bouchers car nous nous y retrouvons tous. »

25% de plus-value en vendant les veaux au boucher plutôt qu’au négociant.

L’avis est partagé par Samuel et Élodie Gasse, aux manettes depuis 2016 d’un troupeau de race limousine de 150 mères sur 160 ha de prairies. « En termes d’image, c’est valorisant pour nous de vendre nos animaux à des artisans locaux. Du point de vue économique, la plus-value est de 25% par rapport au négociant en bestiaux. Nous ne voulons pas vendre en direct aux consommateurs : notre métier, c’est l’élevage, le travail de la viande est un autre métier. Nous pratiquons un prix stable autour de 6,50 €/kg de carcasse car nous avons besoin d’un débouché régulier. Nous nous faisons connaître et nous sommes contactés notamment via les réseaux sociaux Facebook et Instagram. »

Pas de vente directe aux consommateurs. Notre métier c’est l’élevage, pas le travail de la viande.

À la belle saison, les jeunes naissent dans les prairies et restent constamment aux côtés de leur mère jusqu’à l’âge d’un mois environ. « Nous les logeons ensuite en case collective dans les bâtiments pour éviter qu’ils mangent de l’herbe et que leur viande ne devienne trop rouge. Les consommateurs sont habitués à une viande de veau blanche. Celle que nous produisons est rosée, c’est un produit sortant de l’ordinaire. Les bouchers, avec qui nous travaillons, doivent sensibiliser leurs clients à cette particularité. Parfois, ça ne leur convient pas et nous ne parvenons pas à les fidéliser. »

Des Limousines sélectionnées sur le gabarit

Au Gaec Gasse, les vêlages ont lieu toute l’année de façon à pouvoir fournir les boucheries de façon régulière. Le troupeau est constitué à 90% de vaches limousines, accompagnées de quatre taureaux, ainsi que quelques croisées et laitières servant de nourrices si nécessaire. Il est découpé en trois lots dont un en cours d’allaitement. « La race limousine est rustique, et les vêlages sont faciles car nous avons volontairement sélectionné de petits gabarits. Nous recherchons vraiment des « moules à veaux ». Nos vaches ont une bonne longévité : nous en réformons une quinzaine par an avec un âge moyen supérieur à huit ans. »

Quand les vaches sont au pré, le quotidien de Samuel et Élodie est d’aller chercher deux fois par jour le lot des allaitantes pour les emmener auprès des veaux en bâtiment pour la tétée. Ces « promenades » avec leur troupeau sont plus ou moins chronophages en fonction de l’éloignement des prairies (jusqu’à 1,3 km) et des éventuelles routes à nettoyer. Le coup de main des parents de Samuel, éleveurs retraités, constitue une aide précieuse.

Aller chercher les vaches au pré 2 fois par jour pour la tétée des veaux.

La tétée se fait sous surveillance pour s’assurer que les veaux boivent. Il arrive que certains soient malades. « Les diarrhées sont rares mais nous avons parfois des symptômes respiratoires. C’est pourquoi nous commençons à utiliser la vaccination contre les virus respiratoires sur les veaux. Toutefois, notre objectif est de réduire les frais au maximum et de travailler le plus naturellement possible. »

Un débouché amputé par la crise sanitaire

Cette logique d’autonomie est appliquée aussi à l’alimentation autant que possible. 80% des prairies sont permanentes et ne reçoivent aucun traitement, excepté occasionnellement un débroussaillant contre les ronces en bordures.

Les animaux sont nourris à l’herbe pâturée, au foin et à l’enrubannage, sachant que 50 ha de foin sur pied doivent quand même être achetés à l’extérieur pour subvenir aux besoins, ainsi que toute la paille pour la litière quotidienne, et un complément alimentaire sous forme de granulés pour les veaux. « En raison des sécheresses, nous devons renouveler ou sursemer environ 30 ha de prairies chaque année, précisent les éleveurs. Nous utilisons du dactyle, du ray-grass anglais, de la fétuque et du trèfle blanc. Nous avons aussi fait un essai de luzerne. »

Lors d’une année normale, Samuel et Élodie Gasse vendent en circuit court à des boucheries et restaurants (via des boucheries aussi), environ 85 veaux de lait élevés sous la mère jusqu’à l’âge de huit mois au maximum. En 2020, la fermeture des restaurants en lien avec la crise sanitaire a amputé ce débouché d’une douzaine d’animaux.

La boucherie d’Éric Serveau a connu en revanche une demande très soutenue. Le reste des veaux nés sur l’exploitation est destiné au renouvellement du troupeau, ou à la vente au négociant Bétail Gorronnais, comme les vaches de réforme. « La production de veaux de lait sous la mère nous plaît, reconnaissent Samuel et Élodie. Nous pourrions aller jusqu’à 110 veaux par an, mais nous sommes pour le moment limités par les bâtiments pouvant accueillir 60 mères au maximum pour la tétée. »

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