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Assurance vie : pourquoi rédiger une clause bénéficiaire démembrée ?

Tout le monde a en tête que l’un des atouts de l’assurance-vie est sa clause bénéficiaire. Elle permet en effet de décider qui on souhaite avantager, sans que le ou les bénéficiaire(s) soi(en)t forcément quelqu’un de la famille. Cela peut être un ami proche, une voisine, une association... Et pour aller plus loin, on peut aussi démembrer sa clause bénéficiaire ! Mais qu’est-ce qui se cache derrière cet étrange mot ? Décryptage.

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Clause bénéficiaire démembrée : Mode d’emploi

Une clause bénéficiaire démembrée permet de prévoir qu’à son décès, il y aura d’abord transmission à l’usufruitier, et ensuite au(x) nu-propriétaire(s) ! Cela permet d’organiser à l’avance une double transmission.

Concrètement, cela veut dire que l’on désigne un premier bénéficiaire, qui pourra disposer (sauf disposition particulière) des fonds issus du contrat d’assurance vie (appelé quasi usufruit), charge à lui, à son décès, de restituer la somme au second bénéficiaire, désigné au départ (appelé nu-propriétaire). C’est ce qu’on appelle une « créance de restitution».

Prenons un exemple : Mr X désigne bénéficiaire son épouse Mme X pour l’usufruit et leurs enfants Y et Z pour la nue-propriété. Mr X s’assure ainsi que son épouse aura des fonds suffisants pour elle, et que leurs enfants récupèreront les sommes concernées au décès de leur mère.

En fonction des situations familiales, on peut aussi envisager sa 2ème épouse en usufruitière et ses enfants issus d’un premier mariage en nus propriétaires, ou encore un enfant handicapé en usufruitier et ses frères et sœurs en nus propriétaires...

Important : Les seconds bénéficiaires, les nus-propriétaires, ne percevront donc pas immédiatement l’argent du contrat, mais pourraient tout de même, en fonction des montants concernés, devoir s’acquitter de droits de mutation au décès du souscripteur.

Pour éviter que l’usufruitier ne consomme toute la somme et ne soit plus en mesure de la restituer à son décès aux nus propriétaires, il est tout à fait possible de prévoir dès le départ une clause bénéficiaire avec obligation de remploi du capital démembré. Un terme technique, qui permet de protéger les intérêts de tous. En effet, l'usufruitier percevra les revenus du placement sur lequel les fonds ont été investis (un bien immobilier ou un contrat d’assurance vie par exemple) et les nus-propriétaires récupèreront le placement à son décès.

Bon à savoir : Au décès de l'usufruitier, les nus-propriétaires n’auront aucun droit de succession à payer (conformément à l'article 1133 du Code général des impôts).

Avantage fiscal de la clause démembrée

Prenons l’exemple d’un contrat d'assurance-vie d'un montant de 200 000 €. L'ensemble des versements a été effectué avant les 70 ans du titulaire du contrat et son conjoint survivant, quasi-usufruitier, est âgé de 74 ans.

La valeur de son quasi-usufruit représentera 30 % de la valeur du capital soit 60 000 €. La nue-propriété quant à elle sera de 70 % soit 140 000 €. L'abattement de 152 500 €1 sera réparti entre l'usufruitier et le nu-propriétaire dans les mêmes proportions, soit 45 750 € pour l'usufruitier et 106 750 € pour le nu-propriétaire. Le conjoint est totalement éxonéré de prélèvement au titre de l'article 990 I du CGI.

Le nu-propriétaire (un enfant, par exemple) est donc imposable sur : 140 000 - 106 750 = 33 250 €. Une fois la taxation forfaitaire de 20 % appliquée, les droits dus seront donc de 6 650 €. Grâce à la clause démembrée, au décès de l’usufruitier, l’enfant pourra faire valoir auprès de la succession sa créance de restitution qui correspondra au montant versé au quasi-usufruitier. En son absence, il aurait alors perçu la totalité du capital et aurait dû s'acquitter de droits équivalent à : 200 000 - 152 500 x 20 % = 9 500 €.

N'hésitez pas à réexaminer la clause bénéficiaire de votre contrat d'assurance-vie avec l'aide de votre conseiller. Vous aurez ainsi la garantie de bénéficier des meilleurs conseils.